Voici le discours intégral lors de l'ouverture du premier séminaire consacré à l'Egalité Femmes-Hommes
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Mesdames et Messieurs les élu-es,
Madame La Présidente du Centre Hubertine Auclert, Ma chère Djénéba,
Madame Dominique Poggi, sociologue
Mesdames et Messieurs les responsables associatifs,
Mesdames et Messieurs, chers amis,
Je suis particulièrement heureux de me retrouver aujourd’hui parmi vous à l’occasion de ce premier séminaire organisé par le Conseil Régional d’Ile-de-France consacré aux problématiques liées au genre.
A cette occasion, je tiens particulièrement à remercier Françoise Belet et son équipe, ainsi que Séverine Mignon, Directrice de l’Unité société et coordinatrice de la Mission administrative transversale, pour l’organisation de cette rencontre qui je le sais sera enrichissante pour nous toutes et tous.
Je remercie les intervenants, les intervenantes et les témoins qui rythmeront cet après-midi de réflexion en nous apportant un éclairage certain sur les sujets qui seront abordés lors de nos ateliers.
Pour n’en citer que quelques unes
Danièle Luccioni, Vice-présidente du CESER
Cristina Lunghi, Porte-parole du club label Egalité
Frédérique Pondemer, venue de la Région Bretagne
Salima Rairi, directrice de l’organisme Marwett
Inès Dauvergne IMS Entreprendre
Michèle loup, Vice-présidente « Elu-e-s contre les violences faites aux femmes »
Catherine Guyot (Directrice de l’ARVHA)
Les 3 ateliers de cet après midi permettront de mutualiser les expériences menées sur les territoires en matières d’égalité, de réfléchir et de témoigner sur les actions menées en matière d’égalité professionnelle et de proposer des solutions pour une meilleure vie quotidienne et citoyenne en Ile de France
Mesdames, Messieurs,
En 2010, nous célébrions un siècle de combats, de courage et de colère, porté sans relâche par de nombreuses femmes connues telles que Flora TRISTAN, Clara ZETKIN, Simone de BEAUVOIR, Gisèle HALIMI et tant d’autres, mais aussi de femmes inconnues du grand public, qui jour après jour donne de leur temps sans compter pour lutter avec conviction en faveur de l’égalité réelle entre les femmes et les hommes.
Je suis conscient du travail qu’il reste à accomplir et je sais aussi que ce travail est largement porté par les associations et l’ensemble des partenaires institutionnels et socio-économiques de notre Région que je remercie très chaleureusement. J’apprécie à sa juste valeur votre engagement et rend hommage à vos précieuses compétences ainsi qu’à l’engagement sans faille que vous mettez au service des femmes de notre Région.
C’est grâce à ces femmes engagées que nous avons pu observer de nombreuses évolutions. C’est ainsi, pour ne citer que quelques exemples marquants qu’en:
• 1907, les femmes peuvent disposer librement de leur salaire. Et, il aura fallu attendre une loi de 1965 pour qu’elles puissent travailler sans l’autorisation de leur mari.
• En 1920, les femmes peuvent adhérer à un syndicat sans la bénédiction de leur conjoint.
• Et en 1944, le droit de vote est accordé aux femmes.
Mais, si ces avancées représentent de grands pas pour notre pays, il n’en demeure pas moins que le combat en faveur de la promotion du droit des femmes reste d’actualité. Ces inégalités ne disparaîtrons pas toutes seules et il nous faudra encore un effort collectif pour faire bouger les mentalités en profondeur et faire ainsi reculer les préjugés qui en 2012 sont inacceptables.
Aujourd’hui, notre mot d’ordre commun de cette après-midi de réflexion pourrait être : Un siècle de combats, mais encore des batailles à gagner !
Aujourd'hui, si dans les textes, les femmes ont les mêmes droits que les hommes, dans la réalité bien des inégalités subsistent.
Je regrette - qu’alors que les femmes sont de véritables actrices dans le monde économique ou politique - elles doivent encore prouver leurs compétences pour faire leur place dans un univers trop stigmatisant et n’ayons pas peur des mots, un univers trop patriarcal !
Est-il encore utile de rappeler que dans la vie économique, malgré un niveau de formation égal, voire dépassant celui des hommes les femmes restent éloignées des postes de décision et occupent encore majoritairement les emplois subalternes, donc moins bien payés, avec des écarts de salaire autour de 26%. Elles sont ainsi bien plus que les hommes, victimes du chômage, de la précarité; et elles sont quasi-systématiquement écartées du pouvoir ?
Est-il encore utile de rappeler que nous sommes encore bien loin de la représentation équilibrée entre les femmes et les hommes dans la vie politique ? J’en veux pour preuve la représentation des femmes dans les conseils généraux par exemple.
Selon le World Economic Forum: la France occupait en 2010 le 46ème rang au niveau de la parité politique, le 60ème pour les responsabilités économiques et le 127ème pour les écarts salariaux.
Même si des progrès doivent encore être réalisés, notamment pour les Ministères régaliens, je tiens à féliciter le gouvernement Ayrault pour la parité effective mise en place.
Est-il encore utile de rappeler les pressions et agressions diverses auxquelles les femmes sont confrontées dans leur quotidien ?
C’est ainsi que malgré de nombreuses années de combats en faveur du droit des femmes, qui ont donnée naissance depuis près de trente ans à six lois successives pour faire reculer ces inégalités, force est de constater que la lutte pour l’égalité dans l’emploi demeure toujours une nécessité en France mais aussi en Europe.
Oui, les lois existent mais nous avons besoin d’autres remèdes à ce fléau afin de lutter efficacement contre ce plafond de verre. Il paraît urgent de sortir de l’approche purement quantitative pour s’intéresser davantage aux questions des mentalités ; et des stéréotypes qui gangrènent les rapports entre les femmes et les hommes, qu’il s’agisse de situations familiales ou bien encore professionnelles.
D’un point de vue Européen, et partant du constat que les droits sont très hétérogènes dans les 27 pays de l’Union Européenne, je me réjouis du projet de la clause de l’européenne la plus favorisée visant à faire l’inventaire des législations de chaque pays membre et de prendre le meilleur en matière de droits des femmes et d’harmoniser le tout.
Par exemple, la Suède garantit le meilleur congé parental, l’Espagne la lutte la plus efficace contre les violences conjugales et la Belgique détient pour les élections, les meilleurs résultats en matière de parité absolue.
En revanche, certains droits seront- sans nul doute- plus difficiles à imposer. Je veux parler notamment, du droit de disposer librement de son corps, avec le droit à l’avortement. L’IVG étant interdite au Portugal et à Malte.
Mais, je vous vois déjà bondir sur vos chaises et vous avez raison ! Balayons d’abord devant notre porte !
Vous n’êtes pas sans savoir que la Loi dite Bachelot HPST « Hôpital, Santé, Patients et Territoire » a accéléré la logique de rentabilité au sein des services hospitaliers. Elle leur a imposé, restructurations, fusions, regroupements avec pour seul objectif la réduction des coûts, quitte à anéantir le Service public, si cher à notre République.
Cette politique dévastatrice de restructuration a frappé notamment de plein fouet les structures pratiquant des IVG.
Pour une Région comme la notre dans laquelle se trouvent des Départements populaires comme celui de la Seine-Saint-Denis, dans lequel les contraintes financières et sociales constituent déjà un frein sensible à l’accès des femmes à des soins réputés universels, ces décisions sont déjà une forme de violences faites aux femmes.
Voilà pourquoi, au prochain Conseil Régional, nous aurons l’occasion de nous exprimer sur un nouveau rapport santé, porté par ma collègue Vice-présidente Laure Lechatelier qui prévoit notamment d’agir sur l’accès aux soins des femmes et l’offre de soins.
Alors oui, nous avons besoin de nous mobiliser davantage, non seulement pour maintenir les droits existants, mais aussi pour les accroitre significativement.
Voilà pourquoi, je me félicite de la renaissance du Ministère du droit des femmes qui a permis d’agir rapidement contre le vide juridique relatif au harcèlement sexuel.
A présent, il devient urgent de nous retrousser les manches collectivement afin de réfléchir en profondeur à plusieurs thématiques liées aux questions du genre.
Et la Région Ile-de-France agit activement au quotidien pour lutter efficacement contre les stéréotypes, qu’il s’agisse d’initiatives en milieu éducatif, professionnel, ou d’accompagnement de femmes victimes de violences.
Laissez-moi vous illustrer mes propos par quelques exemples à la fois récents et concrets :
En matière d’emploi : Le 8 Mars dernier, je me suis rendu avec Jean-Paul Huchon, Président de la Région Ile-de-France au siège de la Fédération Nationale de l’Aviation Marchande afin de déclencher un partenariat qui vise notamment à travailler sur l’emploi des femmes et la féminisation des métiers. Nous avons ainsi, dès le mois de juillet dernier voté en commission permanente une convention d’engagement avec la FNAM.
Toujours à l’occasion du 8 mars 2012, la région a mis l’accent sur l’égalité professionnelle et sur la nécessité d’ouvrir tous les métiers aux femmes. C’est un enjeu de société majeur quant on sait que les jeunes filles continuent à s’orienter majoritairement vers des métiers traditionnellement féminins. En effet, si l’on regarde la part des filles par filières, 82% des élèves des écoles préparant aux fonctions sociales sont des filles alors qu’elles ne sont que 23 % dans les formations d’ingénieurs hors université
En matière de violences faites aux femmes : Au mois de juillet dernier, ma collègue Vice-présidente, Laure Lechatelier a permis le lancement sur Paris des téléphones portables pour les femmes en très grand danger. Dispositif qui n’aurait pu voir en 2010 le jour en Seine-Saint-Denis sans le financement de la Région Ile-de-France.
Dispositif, à mon sens, bien plus efficace que celui du port d’un bracelet électronique qui pourrait être imposé aux hommes violents. Je suis pour ma part plus réticent à ce dispositif pratiqué en Espagne, qui lie la victime à son bourreau par le port de ce bracelet.
Afin de mieux appréhender la question des violences faîtes aux femmes, j’ai souhaité au mois de Février dernier faire adopter un rapport-cadre intitulé Médiation, Prévention, Protection qui prévoit notamment un nouvel appel à projet spécifique aux actions qui permettent de combattre au quotidien toutes les violences faîtes aux femmes, tout en permettant un accompagnement des enfants témoins ou victimes de ces mêmes violences.
Nous avons également voté le principe de la création d’un Observatoire régional des violences faîtes aux femmes, dont l’installation devrait être prévue pour le mois de novembre prochain.
Cet observatoire travaillera en partenariat avec celui annoncé sur le plan national par la Ministre Najat Vallaud Belkacem. Sa création permettra de compléter la loi de 2010 notamment sur l’extension de l’aide juridictionnelle à toutes les victimes y compris les femmes étrangères en situation irrégulière ou encore de généraliser le dispositif des téléphones portables.
Ce nouvel outil national permettrait sans conteste d’apporter de nouvelles solutions toujours plus innovantes pour lutter efficacement contre les violences faites aux femmes.
En matière de logement : Emmanuelle Cosse, Vice-présidente en charge du logement a quant à elle permit un partenariat avec la FNSF afin de mettre à disposition des logements de droits communs à des femmes victimes de violences conjugales.
En matière d’enseignement supérieur : Isabelle This Saint-Jean a permis le financement d’un Domaine d’Intérêt majeur, l’Institut Emilie du Châtelet sur le thème « genre, inégalités, discriminations ».
Et puisqu’il nous est impératif de lutter dès le plus jeune âge contre les stéréotypes, je ne peux que féliciter le travail d’Henriette Zoughébi Vice-présidente en charge des lycées, qui a permis la signature d’une convention régionale en faveur de l’égalité filles-garçons dans le système éducatif.
Je n’oublie pas non plus, la signature récente par le Président de la Région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, du plan régional stratégique pour l’égalité femmes-hommes avec l’Etat et cela en présence de la Ministre des droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem.
Et je profite de cette rencontre pour vous informer d’ores et déjà, que La Ministre Najat Vallaud Belkacem souhaite lancer une expérimentation nationale afin d’approfondir les actions nationales en matière d’orientation, d’accompagnement au congés parental et de mise en œuvre de l’égalité femmes-hommes dans le milieu professionnel, en partenariat étroit avec des Régions dites d’excellences sur ces thématiques.
Aussi, j’ai l’immense plaisir de vous annoncer que nous avons été sélectionné-es pour participer à cette expérimentation.
Vous l’aurez compris, il ne s’agit pas là d’une liste exhaustive mais bien d’exemples qui reflètent la volonté de la Région Ile-de-France à vouloir agir au quotidien en faveur de l’égalité femmes-hommes et en toute transversalité afin que la question du genre soit appréhendée pleinement par l’ensemble de nos directions.
Ce travail de transversalité et de sensibilisation est aujourd’hui connu et reconnu par nos différents partenaires et nous devons maintenir cet effort pour continuer à faire progresser la cause des femmes.
Pour ce faire, au mois de Février dernier, j’ai également souhaité rénover notre politique en matière de lutte contre les discriminations et d’égalité Femmes-Hommes autour de cinq nouveaux mots d’ordres :
Une Politique prioritaire, plus incitative, renforcée, axée sur l’expertise et l’innovation.
Voilà pourquoi, nous adopterons deux plans d’actions distincts dans les prochains mois. Un spécifique aux problématiques du genre et l’autre spécifique aux luttes contre toutes les formes de discriminations.
Ce premier séminaire, est important pour nous et votre présence à nos côtés nous conforte dans l’idée que nous pouvons déconstruire les stéréotypes et reconstruire ensemble une société nouvelle.
Je salue par la même occasion, le travail de l’équipe du Centre Hubertine Auclert, organisme associé de la Région Ile-de-France, présidé par Djénéba Keita, qui au travers de plusieurs groupes de travail thématisés agissent au quotidien auprès de nos partenaires associatifs pour apporter une expertise supplémentaire, si nécessaire à notre combat commun.
J’en profite pour souhaiter la bienvenue à Mélanie Gratacos, qui intègre cette équipe dynamique de ce centre de ressources Francilien pour l’Egalité Femmes-Hommes au poste de Directrice. Je lui souhaite de vivre une belle expérience professionnelle à nos côtés.
J’ai souhaité confier à l’équipe du Centre Hubertine Auclert, la mission d’organiser nos prochains temps de concertations avec vous, soit sous la forme de colloque, soit sous la forme de séminaire comme cet après-midi. Je laisse le soin à Djénéba Keita, la Présidente de vous en dire un peu plus dans son discours de clôture…
Mesdames et Messieurs, il ne me reste plus qu’à nous souhaiter un excellent temps d’échanges qui j’en suis persuadé ne pourra être que constructif, pour que l’Egalité femmes-hommes deviennent réalité et cela conformément à notre pacte républicain auquel nous sommes tous très attachés.
Je vous remercie.
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