Lundi 19 mai 2014
Discours d’Ouverture du Vice-président Abdelhak Kachouri
Madame la Présidente du Centre Hubertine Auclert, Chère Djeneba,
Mesdames, Messieurs les représentant-e-s associatifs,
Mesdames, Messieurs les élu-e-s,
Mesdames, Messieurs les membres de la délégation suédoise,
Permettez-moi d’entrer directement dans le vif du sujet en citant un extrait de l’exposé des motifs de la loi espagnole de 2004, intitulée « Loi contre les violences de genre ».
Cette loi exemplaire nous a inspiré en France. Elle nous a permis de mettre en œuvre l’ordonnance de protection.
Ces quelques phrases qui introduisent la loi espagnole résument parfaitement ce dont nous parlons aujourd’hui sur le territoire francilien et national :
« La violence de genre n’est pas un problème qui affecte la sphère privée. Au contraire, elle représente le symbole le plus brutal de l’inégalité existant dans notre société. Il s’agit d’une violence qui est exercée sur les femmes en raison de leur simple condition de femmes, parce que leurs agresseurs considèrent qu’elles sont dépourvues des droits élémentaires deliberté, de respect et de capacité de décision.
A la Région Ile-de-France nous avons fait le choix de combattre cette inégalité profonde qui résulte d’un système patriarcal encore trop prégnant dans notre société.
Chaque année, plus d’une centaine de femmes sont assassinées par leurs conjoints. Une femme sur dix est victime de violences. Des milliers de femmes sont violées ou contraintes à se prostituer.
Dans un pays d’égalité, de liberté, ce constat est terrible et ne peut que nous glacer le sang !
Au sein de la Région Ile-de-France, nous avons décidé d’agir et de combattre ces inégalités qui brisent des vies entières.
Nous avons fait le choix, de mettre au cœur de notre politique publique la cause des femmes. Une cause fondamentale également soutenue et portée par le Président de la République et le Gouvernement.
Je salue le travail mené par la Ministre aux droits des Femmes, Najat Vallaud-Belkacem, qui a dès le début de sa prise de fonction compris que pour éradiquer ce fléau il nous fallait avoir un sursaut collectif.
C’est ainsi qu’un travail partenarial étroit entre la Région et le Ministère du droit des femmes est mené et nous, nous réjouissons de la représentation du Centre Hubertine Auclert au sein de la Miprof.
Je félicite le courage du gouvernement qui porte un projet de loi de lutte contre la prostitution qui a été adopté en première lecture à l’Assemblée Nationale et qui est en cours d’examen au Sénat. Je sais que La Suède est très en pointe sur ce sujet et qu’une loi a été adoptée dès 1999. J’en profite pour remercier la délégation Suédoise de nous faire l’honneur de leur présence aujourd’hui.
Si j’ose dire, notre pays doit rattraper ses 15 années de retard en la matière si nous devons nous comparer à la politique Suédoise.
Je suis convaincu que leurs interventions nous permettront d’avoir un aperçu clair de leurs politiques en matière de lutte contre la prostitution et plus généralement de lutte contre les violences faites aux femmes.
Si la politique nationale est exemplaire, la politique régionale est aussi très innovante et permet d’impulser au niveau francilien voir national denouveaux outils.
Ainsi, pour mieux lutter contre les violences faites aux femmes, nous avons fait le choix d’approfondir nos connaissances en la matière.
Voilà pourquoi nous avons créé le premier Observatoire régional des Violences faites aux Femmes, largement inspiré de celui du Département de la Seine-Saint-Denis.
Nous avons confié trois missions prioritaires à notre Observatoire régional :
• Renforcer la connaissance et l’expertise sur les violences faites aux femmes en Ile-de-France, parce qu’il est essentiel de savoir précisément quels sont les phénomènes, les types de violence, les lieux où celles-ci sont commises.
• de mieux accompagner et protéger les femmes victimes de violences par la mise en réseau des actrices et des acteurs francilien-ne-s. Tels que les associations, la police et la gendarmerie, les services médicaux, les institutions judiciaires, les services de l’Etat et les collectivités. Un tel maillage entre les acteurs est primordial si nous souhaitons être capables de répondre aux situations d’urgence des femmes victimes et de leurs enfants.
• de sensibiliser contre les violences faites aux femmes et d’identifier les outils existants.Notre refus des violences sexistes ne doit pas être une posture, il doit être un projet, une politique publique à part entière, autour de laquelle nous appelons tous nos concitoyens et concitoyennes à se mobiliser pour lever les tabous et rompre le silence et l’isolement dans lequel de nombreuses femmes meurtries s’enferment.
Ces axes prioritaires, que nous avons définis avec l’ensemble des acteurs concernés, viennent compléter des initiatives régionales existantes et de manière transversale qui mobilisent l’ensemble des élu-e-s de L’Exécutif.
Ainsi par exemple, j’ai souhaité dans le cadre d’une convention avec le Ministère de l’Intérieur relatif à la réhabilitation des équipements immobiliers de Police et de Gendarmerie, de conditionner l’aide régionale à la mise en place de locaux spécifiques dans les commissariats et gendarmeries, afin de favoriser la présence d’associations d’aide aux femmes victimes de violence. Une formation à destination des agents est aussi prévue afin de mieux prendre en charge ces femmes et leurs enfants.
La Région finance aussi, des modules de formation des professionnel-le-s du travail social dans ce domaine afin de mieux détecter et accompagner les femmes victimes de violence. Ainsi, 1 550 étudiant-e-s en travail social de 7 établissements différents ont été sensibilisé-e-s depuis le lancement de ce module en 2009.
Avec la Vice-Présidente Laure Lechatellier, nous avons permis la généralisation du dispositif du“Téléphones d’alerte pour les femmes en très grand danger”. Il s’agit d’un dispositif innovant, mis en place à titre expérimental et avec le soutien de la Région en Seine Saint-Denis depuis 2009, puis à Paris depuis 2012. Il s’est étendu en 2013 aux Yvelines et à l’Essonne, et en 2014 il sera également mis en œuvre sur le Val de Marne et le Val d’Oise. Ces téléphones d’alerte ont déjà permis la protection de 136 femmes et 210 enfants. Le bilan qualitatif est également très positif : le téléphone a permis de rendre exceptionnels les contacts physiques entre la femme victime et son agresseur, et de lui procurer un véritable sentiment de sécurité.
Nous participons également à l’accompagnement et l’hébergement de ces femmes victimes de violence en intervenant financièrement sur la création, la réhabilitation et l’équipement des structures concernées. Entre 2010 et 2012, la Région a soutenu 52 opérations de ce genre, soit 630 logements, pour un montant de 11,5 millions d’euros.
Avec le Soutien de la Vice-présidente Emmanuelle Cosse, nous avons un partenariat entre la Région Ile-de-France et la FNSF qui permet de mobiliser des logements de droits communs afin de sécuriser rapidement les femmes victimes et leurs enfants.
Enfin, la lutte contre les violences faites aux femmes dans le contexte familial à été érigée en Grande cause régionale 2014. Nous avons souhaité priorisercette thématique en lançant un appel à projetspécifique.
Mesdames et Messieurs,
Vous l’aurez compris à travers ces quelques exemples d’actions régionales, que face à la violence, il n’y a d’autre réponse que la mobilisation générale.
Cette mobilisation générale, nous la construisons au quotidien avec le Centre Hubertine Auclert. J’en profite pour remercier toute l’équipe pour leur engagement militant au quotidien à nos cotés, ainsi que pour cette belle initiative qui marque le début d’une série de rencontres dans lesquelles des partenaires européens et internationaux viendront nous transmettre leur savoir-faire afin de perfectionner notre prise en charge des femmes et de leurs enfants dès que la violence est repérée.
Je reste persuadé que nous pouvons changer les mentalités et faire progresser notre société. Dans ce domaine encore plus que dans d’autres, il s’agit de volonté, de détermination et d’énergie.
Soyez assuré-e-s que le Président Jean-Paul Huchon, moi-même et l’ensemble de l’Exécutif nous sommes mobilisés et agissons dans ce sens afin de renforcer notre République protectrice des droits fondamentaux de chacun et chacune.
Je vous remercie.