Par Abdelhak Kachouri
Vice-président de la Région île-de-France en charge de la
Sécurité - Commandant de Gendarmerie de Réserve
Le trafic de drogue a pris une place très grande dans nos
quartiers. Il génère des millions d'euros, il permet l'achat d'armes de guerre,
il permet le blanchiment d'argent en France et à l’Étranger, il permet l'achat
de biens immobiliers, de grosses cylindrées, il permet les bonnes vacances, les
bonnes adresses, il fait rêver les plus jeunes, il donne de l'imagination, il
fait croire que l'on est invincible, intouchable et au dessus de tout.
Mais à la fin, c'est toujours pareil.
Froidement, on ne s'y attendait pas, pas le temps de se
défendre, pas le temps de fuir, une détonation, des cris, de la panique, les
gens s'enfuient, une douleur, on a chaud, on a froid, on s'écroule, plus de
bruit, on respire vite, on s'en va, voyant sa vie défiler, se remémorant des
souvenirs, c'est fini. Tout s'éteint.
Un de plus.
Une vie brisée, une nouvelle famille anéantie. Des frères et
sœurs perdus. Des parents réduits à l'état de "zombies" avec cette
question "pourquoi"qui les hantera toute leur vie.
L'appât du gain est plus fort que tout.
Dans ce milieu, la seule règle, c'est d'être le patron. D'un
hall d'immeuble, d'un escalier, d'une rue, d'un quartier, d'une ville. Plus le
territoire est grand, plus on pèse et plus on est exposé. La seule règle dans
ce milieu, c'est de faire plus de fric, c'est de faire parler ses armes, c'est
de s'imposer. Dicter "sa" loi contre toutes celles de la République
est dans ce milieu une méthode de gestion.
Pourtant, l'issue est connue d'avance.
En prison, pour les plus chanceux, vidé de son sang à côté
d'une bouche d'égout pour les autres.
Triste réalité pour une jeunesse déboussolée.
La lutte contre le trafic de drogue est un combat de tous
les jours, incessant et déterminé. Il doit impliquer l'ensemble des services
spécialisés des pays dans lesquels le blanchiment a lieu. Il ne s'agit pas de
quelques milliers d'euros, mais de centaines de millions d'euros réinvestis
illégalement, notamment dans l’immobilier.
En amont, nous devons continuer le travail de prévention et
de décèlement des profils les plus fragiles pouvant basculer dans la
participation au trafic de drogue.
Ce soir, j'irai rencontrer des familles de la Castellane à
Marseille pour aborder avec elles l'évolution du plan de lutte contre le trafic
de stupéfiants lancé par le gouvernement de Manuel Valls.