Dans le cadre de la Rencontre Internationale de l’Observatoire Régional des Violences Faites aux Femmes organisée ce jour à la Région IDF, j'ai prononcé ce discours.
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Madame
la Présidente du Centre Hubertine Auclert,
Ma Chère Djeneba, Mesdames
les intervenantes,
Madame
Lavoie, de l’Université de Laval au Québec,
Madame
Colomé, de l’ONG « Break the cycle » en Californie, Mesdames
Hanselmann et Minore, du Bureau de l’Egalité entre les femmes et les hommes de
Lausanne en Suisse, Mesdames
et Messieurs,
Tout
d’abord, je tiens à vous remercier très sincèrement de votre présence aujourd’hui
et de votre participation à cette rencontre internationale, qui nous permettra
d’avoir une meilleure connaissance des phénomènes liés aux violences dans les
relations amoureuses et sexuelles des adolescentes et des adolescents.
Lorsque
nous avons créé, avec le Président Jean-Paul Huchon, avec la Présidente du
Centre Hubertine Auclert, Djeneba Keita, et les élus régionaux, l’Observatoire
régional des violences faites aux femmes, qui était une première en France,
nous avons voulu faire de la connaissance et de l’expertise un axe central du
travail de cet Observatoire.
Il
était en effet évident que pour lutter contre ces violences, pour accompagner
et protéger les victimes, pour sensibiliser les citoyennes et les citoyens, il
fallait commencer par savoir précisément quelles étaient les problématiques sur
notre territoire.
Nous
savions que les chiffres étaient biaisés, pour diverses raisons, nous savions
que les dépôts de plaintes étaient souvent très difficiles, et que nombre de
victimes refusait de porter plainte ou de faire appel à une quelconque aide, nous
savions aussi que trop de personnels au contact direct des victimes n’avait
aucune formation pour faire face à ces situations, encore moins pour les
détecter.
Certains
objectifs étaient donc très clairs et les premiers résultats ont été
extrêmement rapides.
En
quelques mois, l’Observatoire, et ses partenaires, que je tiens à remercier
pour leur engagement à nos côtés, ont réalisé un travail essentiel en
mettant en lumière des données chiffrées, factuelles, objectives. Mais, allant
bien au-delà, cet Observatoire a également identifié des problématiques qui émergeaient
ou dont les résultats de recherches commençaient à être connus.
C’est
ainsi qu’il y a quelques semaines, nous faisions un focus, notamment par le
biais d’une campagne de sensibilisation du grand public, sur les cyberviolences
sexistes et sexuelles. Un phénomène qui s’est fait sa place dans le
développement des nouvelles technologies, un phénomène qui touche en grande
majorité des jeunes, et plus particulièrement des jeunes filles.
Nous
ne sommes pas là pour blâmer internet ou l’utilisation généralisée des
téléphones portables, mais il est en revanche de notre rôle de prévenir notre
société des dérives qui y sont liées, pour faire savoir qu’il y a des risques
qui peuvent nous toucher toutes et tous.
Les
adolescents ont grandi avec les nouvelles technologies, qui sont pour eux une
évidence. Ce qui l’est moins, c’est ce qu’ils risquent à chaque fois qu’ils se
connectent sur internet, sur un forum, sur un réseau social, qu’ils envoient un
sms, qu’ils prennent et qu’ils envoient une photo.
Les adultes sont déjà
peu informés, et, il faut le dire, peu attentifs. Alors, évidemment les effets
néfastes sont démultipliés chez des jeunes, plus vulnérables, plus fragiles,
plus accessibles.
De
nombreuses situations de cyberviolences sexistes ou sexuelles sont en lien
direct avec les relations amoureuses ou sexuelles : vengeances,
humiliations, chantages…
Tout
cela encore une fois s’ajoute aux violences qui existaient déjà dans un monde
non virtuel, et en aggrave bien souvent les conséquences : échec scolaire,
absentéisme, dépression, allant jusqu’au suicide.
Il
existe ainsi des spécificités dans les violences chez les jeunes ou des formes
de violence qui touchent plus particulièrement notre jeunesse.
L’adolescence
est toujours un moment délicat, les futurs adultes se construisent, ils
affirment leur propre comportement, leur manière de pensée, leur vision. Ils se
forment en fonction de leur environnement, de ce qu’ils voient autour d’eux. C’est
donc une période de leur vie où ils sont particulièrement vulnérables,
influençables et pendant laquelle leurs actes marqueront inéluctablement leur
avenir.
Le
Conseil régional, et le Centre Hubertine Auclert, travaillent depuis longtemps
déjà auprès des jeunes, notamment sur la sensibilisation à l’égalité entre les
femmes et les hommes et sur les stéréotypes de genre. Des stéréotypes qui
s’appliquent dès la petite enfance, par exemple par le biais des jouets, puis
chez les jeunes, dans le choix d’une formation, d’une orientation et au final
d’un métier, et des stéréotypes qui vont évidemment s’appliquer dans les
relations amoureuses : un jeune homme qui se doit d’être viril et une
jeune fille plutôt fleur bleue, un mâle dominant et une femelle docile…
Ces
stéréotypes sont bien ancrés et difficiles à combattre. A l’adolescence, au
cœur des innombrables questionnements de cette période si particulière de la
vie, ils vont être confirmés ou contredits par l’environnement, à l’école et
surtout à la maison.
D’où
l’importance également des phénomènes de reproduction, que nous connaissons
bien chez les enfants qui ont été témoins, ou qui ont eux-mêmes subis des
violences. Le fait d’avoir été maltraité dans l’enfance est un facteur
essentiel dans le comportement de l’adolescent et augmente de manière
considérable le risque de violence, que ce soit le risque de commettre des
violences que le risque d’en subir. Les violences psychologiques et, ou,
physiques, s’inscrivent ainsi dans le comportement des jeunes qui sont en plein
apprentissage de leur propre identité et s’imposent dans leur environnement.
Les
expertes qui sont présentes aujourd’hui nous feront part des travaux qu’elles
ont menés et des initiatives qui ont été prises et nous aideront tant à mieux
comprendre ces phénomènes qu’à mieux les prévenir.
Ces
échanges sont essentiels pour nous faire avancer dans notre combat contre les
violences faites aux femmes. Vous connaissez ma détermination sur le sujet.
La
Région Ile-de-France s’est engagée depuis de nombreuses années dans cette lutte
et renforce toujours un peu plus cette action, qu’elle veut totalement
transversale : la prévention dès le plus jeune âge, la sensibilisation des
lycéennes et lycéens, l’accompagnement des victimes, le soutien aux
associations, la formation des acteurs du territoire, l’hébergement d’urgence
et le relogement, l’accompagnement dans l’emploi. Et je tiens bien sûr à saluer
ici le travail de mes collègues vice-présidentes et vice-présidents, dont
l’engagement nous permet de répondre à toutes ces problématiques.
Les
violences qui sont perpétuées, quelles qu’elles soient, minent notre société et
nuisent à nous toutes et tous. Les combattre s’impose comme une obligation
d’intérêt général, et bien sûr comme une obligation d’ordre moral. Il est donc
de notre rôle d’élus de tout faire pour stopper ces violences, pour accompagner
les victimes, pour prévenir et empêcher leur reproduction.
Notre
jeunesse est notre avenir.
A
nous de faire en sorte qu’elle puisse s’épanouir sans violence.
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