lundi 18 mai 2015

Rencontre Internationale de l’Observatoire Régional des Violences Faites aux Femmes



Dans le cadre de la Rencontre Internationale de l’Observatoire Régional des Violences Faites aux Femmes organisée ce jour à la Région IDF, j'ai prononcé ce discours.

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Madame la Présidente du Centre Hubertine Auclert, 
Ma Chère Djeneba, Mesdames les intervenantes,
Madame Lavoie, de l’Université de Laval au Québec,
Madame Colomé, de l’ONG « Break the cycle » en Californie, Mesdames Hanselmann et Minore, du Bureau de l’Egalité entre les femmes et les hommes de Lausanne en Suisse, Mesdames et Messieurs,

Tout d’abord, je tiens à vous remercier très sincèrement de votre présence aujourd’hui et de votre participation à cette rencontre internationale, qui nous permettra d’avoir une meilleure connaissance des phénomènes liés aux violences dans les relations amoureuses et sexuelles des adolescentes et des adolescents.

Lorsque nous avons créé, avec le Président Jean-Paul Huchon, avec la Présidente du Centre Hubertine Auclert, Djeneba Keita, et les élus régionaux, l’Observatoire régional des violences faites aux femmes, qui était une première en France, nous avons voulu faire de la connaissance et de l’expertise un axe central du travail de cet Observatoire. 

Il était en effet évident que pour lutter contre ces violences, pour accompagner et protéger les victimes, pour sensibiliser les citoyennes et les citoyens, il fallait commencer par savoir précisément quelles étaient les problématiques sur notre territoire.

Nous savions que les chiffres étaient biaisés, pour diverses raisons, nous savions que les dépôts de plaintes étaient souvent très difficiles, et que nombre de victimes refusait de porter plainte ou de faire appel à une quelconque aide, nous savions aussi que trop de personnels au contact direct des victimes n’avait aucune formation pour faire face à ces situations, encore moins pour les détecter.
Certains objectifs étaient donc très clairs et les premiers résultats ont été extrêmement rapides.
En quelques mois, l’Observatoire, et ses partenaires, que je tiens à remercier pour leur engagement à nos côtés, ont réalisé un travail essentiel en mettant en lumière des données chiffrées, factuelles, objectives. Mais, allant bien au-delà, cet Observatoire a également identifié des problématiques qui émergeaient ou dont les résultats de recherches commençaient à être connus.

C’est ainsi qu’il y a quelques semaines, nous faisions un focus, notamment par le biais d’une campagne de sensibilisation du grand public, sur les cyberviolences sexistes et sexuelles. Un phénomène qui s’est fait sa place dans le développement des nouvelles technologies, un phénomène qui touche en grande majorité des jeunes, et plus particulièrement des jeunes filles.
Nous ne sommes pas là pour blâmer internet ou l’utilisation généralisée des téléphones portables, mais il est en revanche de notre rôle de prévenir notre société des dérives qui y sont liées, pour faire savoir qu’il y a des risques qui peuvent nous toucher toutes et tous. 

Les adolescents ont grandi avec les nouvelles technologies, qui sont pour eux une évidence. Ce qui l’est moins, c’est ce qu’ils risquent à chaque fois qu’ils se connectent sur internet, sur un forum, sur un réseau social, qu’ils envoient un sms, qu’ils prennent et qu’ils envoient une photo.
Les adultes sont déjà peu informés, et, il faut le dire, peu attentifs. Alors, évidemment les effets néfastes sont démultipliés chez des jeunes, plus vulnérables, plus fragiles, plus accessibles.

De nombreuses situations de cyberviolences sexistes ou sexuelles sont en lien direct avec les relations amoureuses ou sexuelles : vengeances, humiliations, chantages…

Tout cela encore une fois s’ajoute aux violences qui existaient déjà dans un monde non virtuel, et en aggrave bien souvent les conséquences : échec scolaire, absentéisme, dépression, allant jusqu’au suicide.

Il existe ainsi des spécificités dans les violences chez les jeunes ou des formes de violence qui touchent plus particulièrement notre jeunesse.
L’adolescence est toujours un moment délicat, les futurs adultes se construisent, ils affirment leur propre comportement, leur manière de pensée, leur vision. Ils se forment en fonction de leur environnement, de ce qu’ils voient autour d’eux. C’est donc une période de leur vie où ils sont particulièrement vulnérables, influençables et pendant laquelle leurs actes marqueront inéluctablement leur avenir.

Le Conseil régional, et le Centre Hubertine Auclert, travaillent depuis longtemps déjà auprès des jeunes, notamment sur la sensibilisation à l’égalité entre les femmes et les hommes et sur les stéréotypes de genre. Des stéréotypes qui s’appliquent dès la petite enfance, par exemple par le biais des jouets, puis chez les jeunes, dans le choix d’une formation, d’une orientation et au final d’un métier, et des stéréotypes qui vont évidemment s’appliquer dans les relations amoureuses : un jeune homme qui se doit d’être viril et une jeune fille plutôt fleur bleue, un mâle dominant et une femelle docile…
Ces stéréotypes sont bien ancrés et difficiles à combattre. A l’adolescence, au cœur des innombrables questionnements de cette période si particulière de la vie, ils vont être confirmés ou contredits par l’environnement, à l’école et surtout à la maison.

D’où l’importance également des phénomènes de reproduction, que nous connaissons bien chez les enfants qui ont été témoins, ou qui ont eux-mêmes subis des violences. Le fait d’avoir été maltraité dans l’enfance est un facteur essentiel dans le comportement de l’adolescent et augmente de manière considérable le risque de violence, que ce soit le risque de commettre des violences que le risque d’en subir. Les violences psychologiques et, ou, physiques, s’inscrivent ainsi dans le comportement des jeunes qui sont en plein apprentissage de leur propre identité et s’imposent dans leur environnement.

Les expertes qui sont présentes aujourd’hui nous feront part des travaux qu’elles ont menés et des initiatives qui ont été prises et nous aideront tant à mieux comprendre ces phénomènes qu’à mieux les prévenir.

Ces échanges sont essentiels pour nous faire avancer dans notre combat contre les violences faites aux femmes. Vous connaissez ma détermination sur le sujet. 

La Région Ile-de-France s’est engagée depuis de nombreuses années dans cette lutte et renforce toujours un peu plus cette action, qu’elle veut totalement transversale : la prévention dès le plus jeune âge, la sensibilisation des lycéennes et lycéens, l’accompagnement des victimes, le soutien aux associations, la formation des acteurs du territoire, l’hébergement d’urgence et le relogement, l’accompagnement dans l’emploi. Et je tiens bien sûr à saluer ici le travail de mes collègues vice-présidentes et vice-présidents, dont l’engagement nous permet de répondre à toutes ces problématiques.

Les violences qui sont perpétuées, quelles qu’elles soient, minent notre société et nuisent à nous toutes et tous. Les combattre s’impose comme une obligation d’intérêt général, et bien sûr comme une obligation d’ordre moral. Il est donc de notre rôle d’élus de tout faire pour stopper ces violences, pour accompagner les victimes, pour prévenir et empêcher leur reproduction.
Notre jeunesse est notre avenir.

A nous de faire en sorte qu’elle puisse s’épanouir sans violence.

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